Maladies professionnelles du transport-logistique : Comment les éviter ?

10 février 2022 Carrière, Vie professionnelle Marie MEHAULT
Maladies professionnelles du transport-logistique : Comment les éviter ?
Temps de lecture : 3 minutes

C’est une très ancienne loi, datant, de 1919, qui régit les maladies professionnelles. Mais, même si elle a plus d’un siècle, cette législation est assez souple et évolutive. En effet, elle fonctionne selon un système de « tableaux » de maladies professionnelles par secteur reconnues par le Code de la sécurité Sociale. Ces tableaux sont régulièrement mis à jour en fonction de l’évolution des technique et des progrès de la médecine.

Vous avez le sentiment de souffrir d’une maladie professionnelle ? La première chose à faire est d’aller vérifier sur ces tableaux, si ce dont vous pensez souffrir, ou ce que votre médecin traitant vous a diagnostiqué, est reconnu comme maladie professionnelle par la Sécurité Sociale. Si vos symptômes figurent dans le tableau, alors vous souffrez d’une maladie professionnelle.

Pour les transports et la logistique, la Sécurité sociale reconnaît sensiblement les mêmes types de pathologies :

  • Les affections chroniques du rachis lombaire provoquées par des vibrations de basses et moyennes fréquences transmises au corps entier
  • Les affections chroniques du rachis lombaire provoquées par la manutention manuelle habituelle de charges lourdes
  • Des affections articulaires provoquées par certains gestes et postures de travail
  • Les atteintes auditives provoquées par le bruit


Des pathologies spécifiques à votre secteur d’activité

Certaines pathologies supplémentaires sont également reconnues comme maladies professionnelles. Par exemple, pour le transport d’animaux, la « maladie du charbon », les maladies dues aux bacilles tuberculeux et à certaines mycobactéries, ou encore le « rouget du porc » ou Érysipéloïde de Baker-Rosenbach ; autant de maladies spécifiquement transmises par le bétail ou l’animal plus généralement. Autre exemple, pour le transport de matières dangereuses, les affections provoquées par les rayonnements ionisants, ou encore les lésions de la cloison nasale provoquées par les poussières de chlorure de potassium, sont des maladies professionnelles.

Mais dans le transport ou la logistique, de nombreux autres risques sont encourus et ne sont pas forcément reconnus comme facteurs déclencheurs de maladies professionnelles. Comme, les chauffeurs poids lourd exposés en continu ou très régulièrement à d’autres situations qui peuvent nuire à sa santé. Quelques exemples : astreinte visuelle, exposition au froid (camions frigorifiques), contact avec les produits transportés (collectes des ordures ménagères par exemple), gaz d’échappement et pollution atmosphérique, contraintes psychologiques (pression et stress à cause des délais, de la vigilance continue, du travail de nuit, des horaires irréguliers, de la solitude, des agressions…).

Ces dernières années, le nombre d’accidents et de maladies du travail dans le secteur logistique ont augmenté. Dans cette branche, l’activité a augmenté de plus de 30% depuis 10 ans. Ceci explique en partie la hausse des statistiques pour les accidents et maladies professionnelles. Néanmoins cela reste un domaine où les salariés restent plus exposés qu’ailleurs... Fortes contraintes de délais et d’exigences de la part des clients, rythme soutenu, tâches répétitives qui entraînent des troubles musculosquelettiques fréquents, environnement excessivement bruyants, travail en hauteur ou en équilibre et port de charges lourdes…


Des maladies professionnelles évitables

Pour éviter au maximum ces risques et maladies professionnelles, quelques principes de base à respecter au quotidien :

  • porter des bouchons d’oreilles le plus souvent possible
  • adapter ses vêtements aux conditions de travail (froid, chaleur, humidité…)
  • porter des gants pour éviter les coupures, et un casque ou une casquette renforcée s’il existe des risques de collision
  • porter des chaussures de sécurité
  • demander à votre médecin traitant une ordonnance pour pratiquer des séances de kiné ou d’ostéopathie régulières
  • parler avec le CHSCT, les syndicats et la direction de tous aménagements qui vous semblent indispensables en termes d’organisation du travail : les rythmes, les horaires, l’ordonnancement, la répartition des activités, l’entraide entre les salariés, les modes d’évaluation et de rémunération des personnels, la mise en place des indicateurs de santé appropriés aux différentes activités de travail, l’ergonomie des outils de manœuvre ou des véhicules poids lourds (cabine suspendue, siège suspendu, accessibilité de la cabine, chauffage, climatisation…), choix des itinéraires pour les chauffeurs et des heures de circulation…
  • faire une pause dès que vous ressentez une intense fatigue visuelle ou sonore
  • respecter le rythme d’une consultation par an chez l’ophtalmo et chez l’ORL pour pouvoir bénéficier des corrections appropriées si nécessaire
  • éviter au maximum l’usage du téléphone portable en travaillant (pour des raisons évidentes en ce qui concerne les conducteurs, mais dans la logistique aussi, travailler avec le téléphone coincé entre l’oreille et l’épaule engendre des postures redoutables pour les muscles et le squelette !)
  • prendre des repas légers (baisse de vigilance après la digestion) et sans alcool

Marie MEHAULT