Guillaume Pépy : 5 ans de plus à la tête de la SNCF

11 mars 2013 Transport 1 Comment Marie MEHAULT
Temps de lecture : 4 minutes

PDG_guillaume_pepyLe patron de l’un des plus gros groupes mondiaux de transport et de logistique repart pour un tour : le 11 mars, son maintien à la tête de la SNCF a été officialisé en conseil d’administration. 25 ans déjà que Guillaume Pépy, l’une des personnalités les plus intéressantes du patronat français, travaille pour la Société Nationale du Chemin de Fer. Portrait.

C’est un homme indéniablement charismatique : un humour hors du commun, une grande disponibilité, l’art de savoir trouver les bons mots pour s’adresser au bon interlocuteur. Guillaume Pépy est au téléphone dans son bureau perché tout en haut d’une tour, à Montparnasse. Cela nous laisse le loisir d’observer un peu son univers : une grande maquette de la fusée de Tintin sur la lune, offerte par son prédécesseur, Louis Gallois. Une affiche encadrée du Lotus Bleu, Hergé encore. Un extrait de discours du général De Gaulle. Et des maquettes de trains de toutes les tailles, de toutes les époques et de tous les modèles.

Le train, c’est une passion sans fard pour « GPY », entré à la SNCF il y a maintenant 25 ans. « J’ai fait SNCF deuxième langue », aime-t-il à blaguer. « Avant, dans ma première vie, j’étais magistrat ! ». Une deuxième langue aujourd’hui parfaitement maîtrisée : dans son domaine, Guillaume Pépy est bilingue depuis belle lurette. A l’autre bout du fil, son interlocuteur lui parle voyage au Brésil, discours officiel… Lui, hyper zen, gère son agenda comme s’il connaissait déjà par coeur toutes les cases de son emploi du temps pour les mois à venir.

visite_dans_le_pas-de-calaisSa mémoire phénoménale, c’est une autre de ses grandes qualités. Le patron de la SNCF est pourtant à la tête de l’une des plus grosses entreprises mondiales de logistique et de transport : plus de 245 000 collaborateurs, une maison mère qui dirige la gestion, l’exploitation, la maintenance et l’ingénierie d’infrastructures, mais aussi le transport public de voyageurs et le développement des gares en France et dans 120 pays. Et puis encore, des filiales comme Geodis, qui s’occupe du  transport et de la logistique des marchandises. Malgré cela, Guillaume Pépy sait toujours à peu près qui fait quoi, dans quel secteur, et ses collaborateurs lui en sont infiniment reconnaissants.

Avec_Frederic_Cuvillier_ministre_des_transportsEvidemment, l’homme a des défauts : parfois impatient, autoritaire, voire colérique, il faut dire qu’il a sa dose de responsabilités sur les épaules ! Surtout, il vit avec l’angoisse de ne pas faire assez bien, de ne pas être assez présent sur le terrain, ou d’être en retard sur des projets. Il veut tout faire lui-même, être partout à la fois, et y engloutit sa vie : un jour en province pour parler de la réforme ferroviaire à venir avec ses équipes (il s’occupera ces prochaines années de la fusion SNCF-Réseaux ferrés de France), un autre jour sur le quai avec les usagers du TER pour parler incivilités autour d’un gobelet de café, le troisième avec le ministre des transports Frédéric Cuvillier pour une réunion, le suivant en Inde pour signer un énorme contrat là-bas… Pas de répit, jamais. Il se couche tôt, se lève plus tôt encore, toujours sur le pont avant l’aube.

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Au cœur de ses préoccupations : la solidarité, et l’humanisme. Malgré ses humeurs passagères, l’homme est un philanthrope. S’il faut réquisitionner des locaux de la SNCF pour les sans-abris par Plan Grand Froid, il est évidemment partant. Un chantier d’insertion pour 700 jeunes en difficulté ? C’est oui, sans hésiter.

Bien sûr, le patron doit aussi gérer la fermeture de filiales comme Sea France, et le plan social qui va avec, ou les difficultés rencontrées par Geodis périodiquement à cause de la crise et du fret qui se porte moyennement. Mais il est aussi le premier à signer pour des centaines d’emplois d’avenir, notamment en Ile-de-France, ou des contrats de génération.

Chez_Alstom

Les chantiers en cours ou à l’étude feront encore longtemps de la SNCF l’un des plus gros employeurs qui soit. Et pour son prochain « quinquennat », l’homme n’est pas du style à se renier lui-même. Une bonne nouvelle, donc, tout compte fait, pour le secteur.

 
 

Marie MEHAULT