Ecotaxe : les patrons de PME ont levé les banderoles 18 novembre 2013 Transport 3 Comments Marie MEHAULT Facebook Twitter LinkedIn E-Mail Temps de lecture : 4 minutesOn attendait 1500 patrons routiers ce week-end, pour les manifestations contre l’écotaxe…. Finalement, ils auront été près de 4000 à exprimer leur colère. Au total, seize régions se sont mobilisées, afin de protester, une fois de plus, contre l’écotaxe, qui fait couler autant d’encre que d’essence, ces dernières semaines. A l’initiative du mouvement de protestation de ce samedi 16 novembre : l’OTRE, l’Organisation des Transports Routiers Européens, qui s’est réjouie de ce « franc succès ». L’OTRE, c’est avant tout le principal représentant des Très Petites Entreprises (TPE) et des Petites et Moyennes Entreprises (PME), dans le secteur du transport et de la logistique. Une fédération qui ne se reconnaît pas forcément dans les prises de position de la Fédération Nationale des Transports Routiers (FNTR) : « Notre but, c’est de défendre les intérêts de ceux qui nous font confiance depuis treize ans, et qui sont toujours plus nombreux, à savoir les chefs des PME du transport routier français », explique Gilles Mathelié-Guinlet, secrétaire national de l’OTRE. « La FNTR, elle, n’a eu de cesse d’appeler à la responsabilité en incitant les entreprises à s’enregistrer rapidement et en leur proposant un guide de l’écotaxe et autre application Smartphone pour un meilleur accompagnement. De qui ?! Des transporteurs ou d’Écomouv’ ??? ». Car ce que veut mettre en avant l’Organisation des Transports Routiers Européens, c’est la situation particulière des patrons de TPE et de PME. En août 2012, lors de l’université d’été du MEDEF, Laurence Parisot avait dit que « les patrons de PME ne font pas semblant d’aller mal ». Depuis, la situation s’est largement détériorée, et dans le transport en particulier, c’est de plus en plus dur : « les banques ne nous prêtent plus, ou alors à des conditions drastiques ! », s’exclame un dirigeant d’entreprise, qui compte 16 camions et 24 salariés. « Les charges sociales sont de plus en plus élevées, on est obligés d’allonger nos délais de paiement à n’en plus finir, on s’endette jusqu’à la retraite et même au-delà ! Notre quotidien, c’est de faire de la paperasse, d’essayer de trouver des solutions pour boucler les budgets, et de tenter de comprendre les allers-retours législatifs et les décisions d’un gouvernement girouette ! ». Car l’écotaxe inquiète évidemment tous les transporteurs, mais pour certains dirigeants de TPE-PME, cela tourne à l’obsession : « Je n’en dors plus la nuit, je me dis qu’elle est reportée, mais pas supprimée, que de toute façon on va y passer, et que je suis fini », raconte Patrick A., co-gérant avec son frère d’une entreprise qui compte 22 camions, 23 chauffeurs et 28 salariés. « D’abord, le cauchemar a commencé quand on a essayé d’enregistrer les camions : 4 feuillets par véhicule, l’enfer, on a arrêté au bout de 5 poids lourds, trop chronophage. Ensuite, j’ai fait mes calculs : ma boîte dégage une marge moyenne de 0.2%, alors que l’écotaxe représente 5.2%, il y a comme un problème ! Cette mesure, si elle voit le jour, me coûtera 150 000 euros par an. J’ai un ami qui a une entreprise de transport avec 47 chauffeurs, lui il devra payer 400 000 euros par an. Personne ne peut supporter une somme pareille du jour au lendemain, même si on nous dit qu’il faut répercuter sur les clients. C’est mathématiquement impossible. Dans deux ans, si ça se fait, on sera plus d’un à mettre la clé sous la porte. » Car évidemment, il y a toujours le spectre de la concurrence des pays de l’Est, étroitement lié au problème : « Notre marge est déjà ridicule, mais c’est la condition pour rester à peu près concurrentiels par rapport à nos concurrents roumains, polonais ou hongrois. Demain, si l’écotaxe est instaurée, il n’y aura plus de marge du tout. Elle sera même négative. Or, si on répercute sur la facture, même de quelques centimes, on perdra nos contrats au profit des entreprises de l’Est. C’est inévitable. Les clients chargeurs souffrent eux aussi, économiquement, en ce moment. L’écotaxe, c’est la fin du pavillon français du transport routier, elle va éliminer beaucoup d’entreprises, surtout là où il n’y aura pas de passe-droit, contrairement à la Bretagne ou à la Vendée », analyse le patron d’une grosse PME du Nord de la France, qui emploie 250 chauffeurs pour 120 moteurs. Lui aussi a fait ses comptes : d’après la simulation réalisée, l’écotaxe pèsera, pour une année, aux alentours de 1.3 million d’euros sur le budget de son entreprise. Facebook Twitter LinkedIn E-Mail Marie MEHAULT