Focus sur : le métier de marin des douanes 24 juillet 2018 Métier Marie MEHAULT Temps de lecture : 6 minutesLe marin des douanes fait partie des corps de métiers armés et en uniforme de l’administration douanière, il est fonctionnaire de l’Etat. C’est une profession méconnue et pourtant passionnante et variée : le douanier de la marine peut être appelé à des missions en mer, de contrôle, de sécurité, de sauvetage ou d’assistance ; il joue un rôle fondamental dans la lutte contre la fraude fiscale et douanière, les trafics en tout genre, les rejets de produits polluants en mer, mais aussi la surveillance des bonnes pratiques de la pêche, ou encore la lutte contre l’immigration clandestine et le travail illégal. Nous avons choisi de vous proposer un zoom sur cette profession parce que c’est un secteur qui recrute en ce moment et qui devrait accélérer les embauches sur toutes les côtes françaises avec le Brexit, et la sortie du Royaume-Uni de l’Union Européenne ; mais aussi, au moment où les Etats-Unis relancent la guerre commerciale chère à Donald Trump, et où les sanctions douanières devraient prendre de plus en plus d’ampleur et d’importance à mesure des évolutions de la diplomatie et des accords – ou désaccords – actés. « Dans la pratique, le marin des douanes va passer beaucoup de temps en mer pour arraisonner les navires à contrôler et procéder aux visites fouillées des bâtiments de commerce, de pêche et également de plaisance, et au contrôle des équipages », explique la tutelle, le Ministère de l’Action et des Comptes Publics. « En fonction de son ancienneté et de ses qualifications, donc de son grade, il sera affecté au service machines, au service pont ou au service passerelle (chef de quart, commandant en second et commandant en chef). Il peut aussi être plongeur de bord. Les qualités indispensables d’un bon marin des douanes : les conditions d’aptitude physique à la mer, bien sûr, mais aussi une capacité à vivre en communauté, à travailler selon des rythmes soutenus et variables selon les missions ». Le recrutement des marins des douanes s’effectue sur concours externes aux professions d’inspecteur, de contrôleur ou d’agent, puis en fonction des catégories visées, après une formation pour la spécialité soit à l’école nationale des douanes de Tourcoing, soit à l’école nationale des douanes de la Rochelle, soit à l’école navale de la Marine nationale à Lanvéoc-Poulmic. Il faut d’abord être agent de constatation et contrôleur des douanes terrestres, avant de pouvoir postuler à l’exercice de fonctions spécialisées de surveillance maritime. Pour devenir officier naval, il faut d’abord être inspecteur des douanes et se porter candidat suite à une enquête interne, puis suivre une formation de 5 années environ dont 4 à bord, avant de pouvoir être affecté dans une Direction régionale de Garde-côtes. « Grâce à de nombreuses catégories de concours, mais aussi grâce à des formations internes de perfectionnement variées, les métiers des douanes maritimes offrent une incroyable possibilité d’évolution », estime encore la direction des douanes du Ministère des comptes publics. « Ainsi, des marins de catégorie B peuvent devenir chef de quart à bord d’un bateau de garde-côtes, les mécaniciens peuvent aussi accéder à des postes de chef et de second, donc des postes à responsabilités… etc. » Aujourd’hui il est aussi possible de devenir douanier sans concours : ainsi, dans les régions où l’on cherche en priorité à recruter – la Normandie, les hauts-de-France mais aussi l’Ile de France -, plusieurs dizaines de postes d’agent de constatation des douanes ont été ouverts sans concours, pour faire face aux besoins : « Nous les recrutons sur simple formulaire d’inscription et à la seule condition que leur casier judiciaire soit vierge, puis nous leur demandons d’assurer immédiatement des missions de contrôle documentaire, de saisie et de traitement des dossiers, ou encore d’accueil des usagers et de conseil dans leurs démarches ; ensuite, au bout d’une année, nous examinons leur titularisation et les concours internes pour des promotions leur sont ouverts au bout de 4 années dans leurs fonctions », explique la Direction interrégionale des douanes. « Dans les Hauts-de-France, nous recherchons en ce moment pas mal d’agents capables d’intervenir sur des opérations douanières ou fiscales ; enfin en Ile-de-France nous cherchons plutôt des profils administratifs pour des missions d’assistance aux entreprises qui ont des déclarations à faire, ou encore des missions de contrôle des frais de déplacement ou de gestion du temps en interne ». A terme, les métiers des douanes maritimes permettent d’intégrer des cellules spécifiques et relativement secrètes, pour des missions dédiées aux très grosses opérations de lutte contre les trafics illicites. Ainsi, au Havre, une unité dédiée à la contrebande par containers a été mise en place en novembre 2017, pour contrôler les marchandises qui transitent chaque jour dans le plus grand port de commerce de France, plaque tournante, notamment, de la cocaïne. « Nous avons sur place plusieurs dizaines d’agents qui contrôlent chaque année 100% des containers, soit 2 millions d’unités par an, au moyen de l’ICS, un outil informatique d’analyse automatique des risques, mis en place après les attentats du 11 septembre 2001 et qui permet le ciblage en plusieurs étapes de toutes les importations », explique la direction régionale de douanes du Havre. « Nous contrôlons les marchandises, bien sûr, c’est la base de notre métier ; l’objectif c’est d’éviter à l’Etat de perdre des millions d’euros à cause de la contrebande et des marchés parallèles ; mais nous jouons aussi un rôle fondamental dans la prévention du risque terroriste, dans la lutte contre le trafic de stupéfiants, ou encore dans la préservation de l’environnement et des ressources, en luttant contre les trajets illégaux de déchets. Nous luttons aussi contre les fraudes fiscales basées sur les fausses déclarations, dans le but de payer moins de taxes. Enfin, nous avons un rôle de sécurité sanitaire : nous vérifions que les produits importés répondent bien aux normes européennes. Nous employons des personnels douaniers pour le même type d’opérations à Bordeaux, la Rochelle, Nantes, Calais, Dunkerque, Marseille, mais aussi dans les ports de Guadeloupe, de Martinique et de Guyane française ; et nous recrutons beaucoup parce que nous travaillons 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, la nuit, les week-ends et les jours fériés ! ». Ces dernières années, les marins douaniers ont permis de réaliser des saisies record de stupéfiants, de cigarettes de contrebandes et de contrefaçons, « pour des résultats plus que performants : exceptionnels », selon la direction interrégionale de Normandie. « Les consommateurs l’ignorent le plus souvent, mais les douaniers maritimes les protègent à un niveau très élevé en matière de trafic de drogues ou de produits potentiellement dangereux. Nous avons aussi des douaniers cynotechniques, des équipes spécialisées dans la détection d’armes et d’explosifs, avec des chiens capables de supporter des missions avec hélitreuillage par exemple, pour intervenir en haute mer. Rien que sur la façade normande et du nord de la France, plus de 650 navires sont contrôlés chaque année, commerce et plaisance confondus. Et plus d’une trentaine de coques vérifiées par nos plongeurs pour identifier de potentielles caches sous les navires. Et puis, il ne faut oublier nos affectations Vigipirate mer : la sécurisation de sites nucléaires ou industriels vulnérables sur la partie maritime, afin d’éviter des passages frauduleux par la mer. Enfin, nous surveillons la pression migratoire sur pas moins de 13 passages frontaliers où nous assurons les contrôles, essentiellement Calais, Dunkerque, Dieppe et Ouistreham ». De plus en plus de douaniers sont d’ailleurs formés à la mission spécifique de contrôle de l’immigration et d’interpellation des passeurs. Facebook Twitter LinkedIn E-Mail Marie MEHAULT