En 2016 : fouilles, palpations et agents de sécurité armés dans les gares de France 21 octobre 2015 Transport 1 Comment Marie MEHAULT Facebook Twitter LinkedIn E-Mail Temps de lecture : 5 minutesIl faut se préparer à plus de contrôles et plus de fouilles dans les transports ! En effet, assurer davantage de sécurité dans les gares et dans les trains, c’était un engagement du gouvernement après l’attaque du train Thalys par un homme armé, il y a exactement 2 mois. Un dispositif détaillé de mesures renforcées vient donc d’être rendu public, ce mardi 20 octobre 2015, par le Ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve. Parmi elles : de nouvelles prérogatives pour les agents de la SNCF et de la RATP, qui pourront désormais fouiller les bagages des passagers, ou procéder à des palpations, avec l’accord des personnes concernées. Si ces dernières refusent, cependant, elles ne pourront pas monter dans le train. Autre mesure : les agents de la SNCF et de la RATP pourront patrouiller en civil et pourront porter des armes à feu, sur décision du Préfet. Depuis le mois d’août, les contrôles et les opérations de sécurité se sont déjà multipliés : « Nous privilégions une approche globale, afin de montrer à toutes et tous que la sécurité est une préoccupation partagée par l’ensemble des acteurs en tout point du réseau », a insisté le ministre de l’Intérieur. « Nous avons l’intention de poursuivre, d’amplifier et de généraliser ces opérations ». Nous décidons donc de faire un petit tour, ce matin, devant la gare du Nord. Les usagers se révèlent très partagés sur ces mesures : « c’est très bien puisque cela permet d’avoir plus de sécurité, et plus de monde pour l’assurer puisqu’il n’y a pas assez de moyens policiers », se réjouit un cadre en partance pour un rendez-vous d’affaires, la cinquantaine bien portante. « C’est très bien, puisque cela se fera avec l’autorisation préalable des gens », acquiesce une dame, qui revient de Lille avec ses petits-enfants. « Et bien moi je ne suis pas d’accord », proteste une autre voyageuse : « Une tenue, un uniforme, et on pourra contrôler tout le monde ? Je trouve ça franchement limite. Moi, ça ne me convient pas du tout ». « Une fouille au corps ??? Super, très sympa », ironise une troisième. « Franchement, non, je pense que ce n’est pas possible. Ils ne sont pas policiers, même s’ils sont assermentés. Il faut trouver d’autres moyens, peut-être mécaniques… je ne sais pas ». Un jeune homme, fataliste, déplore les répercussions probables sur la ponctualité des trains, « déjà tellement en retard, tout le temps ». « Moi je trouve ça bien, c’est même à peine le minimum qu’on puisse faire après ce qui s’est passé », s’exclame à l’inverse un trentenaire dynamique, très enthousiaste. La SNCF, de son côté, estime que ces nouvelles mesures devraient être supportables pour les voyageurs : « Elles seront aléatoires, elles ne seront pas régulières, elles ne seront pas pénibles pour les usagers, et donc je compte sur eux pour que chacun accepte de s’y plier, comprenant qu’il y a derrière tout cela un enjeu de sécurité et de tranquillité », explique ainsi Stéphane Volant, secrétaire général chargé de la sécurité à la SNCF. « De toute manière pour l’instant, ces mesures restent un projet. Elles feront l’objet d’un projet de loi, et si elles sont mises en œuvre, ce ne sera pas avant début 2016. Par ailleurs, il est évident que tous les trains et tous les passagers ne pourront pas être fouillés. Nous choisirons donc pour les effectuer les meilleures heures, les meilleurs trains, les meilleures gares, mais chacun doit comprendre aujourd’hui que, en montant dans un train, en entrant dans une gare, il pourra dans quelques jours être fouillé de façon aléatoire par un agent de la SNCF désormais habilité à le faire ». Evidemment, tout le monde ne sera pas habilité à la SNCF à effectuer ces contrôles, ces fouilles, ces palpations de sécurité : seuls les agents de ce que l’on appelle la « police ferroviaire », auront désormais ces prérogatives. Ils sont pour l’instant 2800 dans les trains, 1000 dans le métro, mais leurs effectifs sont appelés à augmenter considérablement avec ces nouvelles dispositions. Un plan de renforcement de la sécurité, qui constitue une petite révolution professionnelle pour ces agents, avec un pouvoir accru : jusqu’à présent, ils avaient seulement le droit de contrôler les billets, ou d’intervenir en cas d’altercation. Désormais, ils auront quasiment des fonctions policières. La France n’est pas la seule en Europe à renforcer ainsi sa législation… La Belgique a notamment renforcé ses patrouilles dans les gares et les trains, l’Italie aussi, depuis le mois de mai dernier… Mais, et on l’a déjà dit sur ce blog, c’est l’Espagne la plus en pointe sur ce sujet : et il semblerait que le gouvernement français ait choisi de s’en inspirer. Confrontée très tôt à la menace terroriste, d’abord avec les attentats de l’ETA, puis avec les tristes attentats islamistes de Madrid en 2004, la péninsule ibérique a mis en place un éventail de mesures qui auraient rendu impossible, sur son territoire, une attaque comme celle du Thalys, il y a deux mois, sur le sol français. Là bas, les bagages sont systématiquement contrôlés aux rayons X pour les trajets de longue distance, et même si cela se révèle, comme dans les aéroports, un travail fastidieux et très chronophage pour les passagers, pas un cependant n’oserait s’en plaindre. A cela s’ajoute un important dispositif de caméras de surveillance. Et des brigades privées de sécurité renforcent la présence policière pour patrouiller, chaque jour, dans les gares, et procéder à d’éventuelles fouilles de passagers dans les trains. Le gouvernement espagnol veut désormais imposer des billets de train nominatifs pour les grandes lignes, ce qui, cette fois-ci, est une mesure directement inspirée de la France… où c’est déjà le cas depuis longtemps. Facebook Twitter LinkedIn E-Mail Marie MEHAULT