Le Ramadan : dangereux pour la santé ?

8 juillet 2014 Santé Marie MEHAULT
Temps de lecture : 4 minutes

ramadanLe Ramadan aux mois de juin et de juillet : c’est l’une des pires conjonctures pour le corps, car les journées sont les plus longues de l’année, la chaleur déjà forte, et les vacances à peine commencées : ceux qui respectent le jeûne du Ramadan en ce moment ont sur les épaules toute la fatigue accumulée de l’année, sans avoir pu se ressourcer ni se reposer au préalable, au contraire des années précédentes. C’est sans doute la raison pour laquelle, en cet été 2014, il leur faudra être particulièrement vigilants pour ne pas mettre leur santé en péril.

 

enfant« Premier conseil évident : ne faites Ramadan que si vous vous trouvez en parfaite santé au moment du jeûne », explique le docteur Samira Bouzaïdi Tiali, spécialiste de la question. « Les enfants de moins de douze ans, les femmes enceintes, les personnes âgées, malades, diabétiques, cardiaques, hypotendues etc… ne doivent pas prendre le risque d’un jeûne trop rigoureux ou prolongé. Les malades souffrant d’une insuffisance coronarienne, d’une insuffisance cardiaque, de valvulopathies avancées graves et de cardiomyopathies, maladies des muscles cardiaques, sont carrément interdits de jeûne. D’ailleurs, le Coran prend en compte ces cas de figure particuliers et stipule bien que les personnes souffrant de pathologies particulières peuvent être dispensées du Ramadan. Si vous n’êtes pas sûr de vous, demandez l’avis d’un Imam, il saura vous conseiller. En tout état de cause, si votre état de santé nécessite plus de deux  prises de médicaments dans la journée, vous ne pouvez pas jeûner. »

 

santeMalgré cela, de nombreuses personnes malades ou affaiblies s’obstinent à suivre le Ramadan malgré leur état de santé, et contribuent à accroître significativement l’engorgement des hôpitaux pendant le mois sacré. « Chaque année, on dénombre plus de 4000 patients admis en urgence dans notre établissement à cause du Ramadan », explique une infirmière, qui souhaite rester anonyme, dans un grand centre hospitalier du sud de la France. « La plupart souffrent de problème de santé directement liés au jeûne et à la prise incorrecte de leurs médicaments. Hypo ou hyperglycémie, ils arrivent même parfois à l’hôpital dans un état comateux. De nombreuses personnes diabétiques jeûnent aussi malgré les risques de complications et les contre-indications médicales. Les raisons sont multiples. Parfois, parce que ces personnes ne se sentent pas malades, mais le plus souvent parce qu’elles ne veulent pas se sentir exclues de la famille ou de la communauté, le Ramadan étant un moment de partage et de convivialité. Et puis, il y aussi les patients hospitalisés pour des causes indirectement liées au jeûne : des accidents de la route ou des accidents du travail, qui se produisent parce que la personne est trop faible, ou parce que le jeûne diminue sa vigilance et ses capacités d’attention ».

 

cuisineAu-delà des cas les plus graves, on peut être en bonne santé au moment de débuter le Ramadan, et finir mal en point, avec des carences, des ulcères digestifs ou une déshydratation avancée. « Les périodes de rupture du jeûne sont primordiales pour éviter à votre corps de trop souffrir du rythme alimentaire que vous lui infligez et qui est contraire au rythme biologique naturel », explique ainsi Charlotte Debeugny, diététicienne. « Ainsi, les périodes de l’iftar (le repas juste après le coucher du soleil) et du suhur (le repas qui précède le lever du soleil) sont cruciales pour se maintenir en forme pendant la période du Ramadan. Même si on a eu très faim pendant la journée, il faut absolument se garder des excès au moment de ces repas : éviter d’ingurgiter de trop grandes quantités, trop rapidement, préférer des soupes froides, des féculents, des fruits et des légumes à la « malbouffe », et surtout boire énormément pour réhydrater le corps, au moins un litre et demi d’eau (et non pas du thé ou du café) de manière régulière (pas tout d’un coup) à chacune de ces pauses dans le jeûne. »

 

fruitsDes conseils, qui valent pour rester en forme mais aussi pour éviter une prise de poids excessive et irrationnelle pendant le Ramadan : car le corps n’est pas habitué à assimiler de la nourriture pendant la nuit, et manger trop calorique, trop sucré, trop salé devient redoutable quand c’est à « contretemps » de notre métabolisme naturel. Plutôt que de consommer trop de pâtisseries, il vaut alors mieux manger des fruits secs comme des dates ou des amandes. Si ces précautions sont bien respectées, le ramadan peut même être bénéfique pour le corps : « en jeûnant, nous réactivons des mécanismes de notre corps qui ne sont pas utilisés en temps normal mais qui, en cas de pénurie de nourriture ou d’eau, nous permettraient de survivre plus longtemps », poursuit le médecin. « La réactivation régulière de ces mécanismes les entretient et leur permet d’être immédiatement disponibles en cas de besoin ».

 

 

Marie MEHAULT