Peut-on refuser une promotion ? 17 août 2011 Aide et conseils Marie MEHAULT Temps de lecture : 3 minutesExercice délicat : comment refuser un meilleur poste sans s’aliéner sa direction ? Le point en quatre conseils pratiques. 1. Jouer la montre Premier réflexe à adopter dès que la promotion est annoncée : solliciter un délai de réflexion. Ce type de demande est parfaitement légitime pour informer ses proches et notamment sa famille, en particulier lorsqu’il s’agit d’une mobilité géographique. Cette action est indispensable pour rester maître du jeu, d’autant qu’un manque de réaction peut être interprété comme un accord tacite. « Jouer la montre permet de mener sa propre enquête en interne, d’interroger avec discrétion les différents protagonistes », explique le coach Frédéric Adida (en photo), président de l’institut Assaté. « Il faut mesurer l’enjeu de cette promotion pour son environnement professionnel, ses collègues, son n+1, mais aussi déterminer si l’on est la première ou la cinquième personne à qui l’on a proposé le job », pointe Brigitte Jedrzejewski, coach et directrice associée chez Do It Évolution. Une fois ce délai obtenu, il convient de peser le pour (opportunité) et le contre (risque) avant de donner une réponse définitive. 2. Bien mesurer les conséquences de son geste La décision de la promotion étant le plus souvent issue de son n+1, il est délicat de décliner l’offre. Cela peut placer ce dernier en porte-à-faux vis-à-vis de ses supérieurs hiérarchiques et ainsi dégrader les relations de travail. « Ce type de promotion ne peut être faite qu’avec l’aval de la direction vis-à-vis de laquelle le n+1 aura engagé sa crédibilité en s’engageant sur un nom », relève Frédéric Adida. Dans ces conditions, refuser l’offre revient à adresser un message négatif aux hautes sphères de l’entreprise indiquant que le n+1 gère avec peu de subtilité la carrière de ses collaborateurs directs. DRH adjoint dans un groupe de prévoyance, Isabelle n’avait pas mesuré en refusant le poste – très exposé – de DRH corporate les commentaires peu amènes au sein de son groupe. « Certains se sont dits que j’étais bien ingrate de refuser un poste aussi prestigieux ». 3. Exposer les raisons de son choix et émettre des propositions En cas de refus de la promotion, il importe, afin de ne pas handicaper l’avenir, de livrer des arguments en listant par exemple les contraintes personnelles auxquelles l’on doit faire face (enfants en bas âge, parents âgés, achat immobilier). « Refuser un poste, une fois, et ce, pour des raisons valables n’a rien de dramatique, note Brigitte Jedrzejewski. (Photo ci-dessous) En revanche, si ce refus est récurrent, la position du collaborateur sera des plus délicates ». Si un non franc et massif sera particulièrement mal interprété et pourra générer une mise à l’écart voire un déclassement, un « non mais », assorti de propositions, fera mieux passer la pilule. « On peut demeurer sur son poste et le réaménager, en se montrant créatif et imaginatif », souligne Brigitte Jedrzejewski. Mais la meilleure façon de refuser une promotion est de proposer une autre alternative « Il faut se mettre dans une position gagnant/gagnant ou le n+1 ne perdra pas la face et où l’on montre que l’on est constructif et donc impliqué dans la dynamique de l’entreprise » explique Frédéric Adida. A l’image de Paul, cadre commercial dans une PME limousine qui a refusé le poste de directeur commercial “groupe” basé à Paris. « Je ne voulais pas quitter le confort provincial, j’ai donc accepté d’aller deux jours par semaine à Paris en acceptant un poste de directeur adjoint ». 4. Se servir de l’expérience pour mieux gérer sa carrière Afin de ne pas se retrouver dans la situation complexe d’avoir à refuser une promotion, il convient de revoir sa politique de communication avec son n+1 mais aussi avec ses collègues. »Idéalement, quelqu’un qui refuse une ou plusieurs promotions ne s’est pas vraiment singularisé par son talent à “se vendre” dans l’entreprise, complète Frédéric Adida. S’il avait pris le temps de donner son point de vue sur l’évolution du service, sur ses aspirations professionnelles, il n’aurait pas été l’objet de ces sollicitations ». Une telle demarche pro-active peut se faire de manière formelle, lors de réunions régulières avec son supérieur hiérarchique ou au cours d’entretiens d’évaluation mais aussi informelle à la cantine ou devant la machine à café. Dossier réalisé en collaboration avec notre partenaire L’Expansion Facebook Twitter LinkedIn E-Mail Marie MEHAULT