Routiers : faut-il augmenter les taxes sur le diesel ? 10 juin 2013 Transport 3 Comments Marie MEHAULT Facebook Twitter LinkedIn E-Mail Temps de lecture : 4 minutesIls sont de plus en plus nombreux à l’affirmer publiquement : il faut augmenter les taxes sur le diesel, à la fois pour des questions de finances publiques, et pour des questions de santé… Sauf que le diesel, c’est le carburant des transporteurs routiers. Et que les transporteurs routiers vont mal. Evidemment, la dette du pays s’enfonce dans le rouge… et un centime de plus prélevé sur chaque litre de gazole, ça veut dire 350 millions de plus par an dans les caisses de l’Etat. Et si on augmente un peu plus ces taxes, l’Etat pourrait y gagner jusqu’à 7 milliards de recettes annuelle en plus, d’après le dernier rapport de la Cour des Comptes. De quoi faire réfléchir ceux qui nous gouvernent… de quoi apaiser, aussi, tous ces automobilistes qui roulent dans des voitures essence, et qui trouvent injuste que le diesel coûte moins cher à la pompe. C’est donc un sujet très débattu, que celui de l’augmentation des taxes sur le diesel. Un pas en avant, deux en arrière… le suspens est douloureux pour tous les professionnels de la route. Car une mesure de ce genre, pourrait en pousser plus d’un à mettre la clé sous la porte. « Cela pourrait être dramatique pour un certain nombre d’entre nous », estime-t-on, à l’UNOSTRA (Union Nationale des Organisations Syndicales des Transporteurs Routiers Automobiles). « C’est un ajustement qui serait économiquement nul : quand bien même l’Etat y trouverait son compte, il mettrait à la rue des dizaines de sociétés, aggraverait encore le chômage et les liquidations d’entreprises. » Car si une hausse des taxes sur le diesel risque d’avoir un impact négatif très fort sur le pouvoir d’achat des ménages qui utilisent beaucoup leur voiture, elle n’épargnera pas les professionnels de la route. « Cela impliquerait une flambée des prix du carburant telle, que ce serait une catastrophe économique pour toute notre corporation », explique la FNTR (Fédération Nationale des Transporteurs Routiers). « Le transport routier de marchandises est déjà fragilisé par une concurrence européenne croissante, notamment de la part des pays de l’Est, et par une conjoncture plus que morose. Depuis 2005, les prix du gazole ont déjà augmenté de presque 30%. Beaucoup d’entre nous ne pourrons pas suivre, si ça continue. » Ce serait d’autant plus dommage que, si le transport routier a du mal à traverser les turbulences économiques actuelles, le secteur s’était bien redressé depuis le début de la crise, en 2008. Mais 2012 a été une année noire : 10% de faillites en plus, et 20 000 postes supprimés. Du coup, les transporteurs routiers ont plutôt besoin de mesures exceptionnelles pour baisser le coût du gazole, et non pas l’augmenter. « Si on fait le même calcul que le gouvernement, mais dans l’autre sens, on se rend compte qu’une baisse de un centime sur chaque litre de gazole permettrait de compenser une bonne partie du recul des commandes ces deux dernières années, et donc, de sauvegarder des emplois », nous explique-t-on à la FNTR. « Evidemment, ça ne compensera jamais la concurrence de plus en plus vive des chauffeurs roumains ou polonais, payés 5 fois moins cher que chez nous, mais au moins ça nous permettrait de respirer un tout petit peu. » « Quand le prix des carburants augmente, ça nous affecte tous plus ou moins sérieusement », renchérit Jean-Paul, patron d’une PME de transport dans l’Est de la France. « Ce sont des dépenses qui peuvent représenter jusqu’à 40% de nos coûts opérationnels. Et même si les prix des carburants connaissent une hausse générale dans tous les pays d’Europe, il y a des disparités entre les pays. Du coup, les transporteurs de pays comme la France se retrouvent exclus de certains marchés, incapables de faire face à la concurrence des pays où les prix sont plus bas. » L’idée d’une taxation supplémentaire du diesel fait d’autant plus bondir les professionnels de la route, qu’ils n’ont toujours pas digéré la mise en place de l’écotaxe, qui vise à dissuader le transport par la route au profit de moyens moins polluants. Facebook Twitter LinkedIn E-Mail Marie MEHAULT